À l’espoir de demain
Sur les remparts du soir, des petits cœurs de verre
Pleurent pour s’endormir sous les tirs incessants,
Et le vent porte, ému, les larmes d’innocents,
Messager des bambins dans l’horreur de la guerre.
Même le ciel a honte, explosé de carmin,
Devant l’humanité qui perd toute tendresse,
Quand du fond de la nuit, les enfants en détresse
Accrochent leur sommeil à l’espoir de demain.
Le songe les prendra pour retrouver Leur monde,
La chaleur du foyer, les baisers de flocons,
L’amour qui sait si bien étoffer les cocons,
Et la beauté des jours que la lumière inonde ;
Le préau de l’école ou le terrain de jeux,
Leur chien qui les attend, leur jardinet tranquille,
Et flâner dans les parcs… sans bombes sur la ville,
Pour chanter à tue-tête et se sentir heureux.
Alors au crépuscule, ils guetteront l’aurore,
La fenêtre est splendide aux premières lueurs ;
La gaieté des enfants naît de simples bonheurs,
C’est l’oiseau sur la branche et la paix qu’il arbore !
N’éteignons pas ce rêve où verdit l’avenir
Dans les regards d’enfants que le rire libère !
L’enfance est ce bourgeon tellement éphémère
Qu’un papillon en vol pourrait le voir fleurir !
Mémoire de fête
Je garde la photo d’un jour de fiançailles :
Ma grand-mère sourit, rose parmi les fleurs,
Elle avait à son bras tous les futurs bonheurs !
L’amour resplendissait en unissant leurs tailles.
Du grand-père inconnu, j’ai appris la bataille :
Partisan déporté, mort au camp de l’horreur.
Elle, la fleur en deuil, aux éclats de son cœur,
Tint la joie des petits derrière une muraille ;
Dans le secret des soirs aux soupirs étouffants,
Pour cacher le chagrin et bercer huit enfants,
Son silence pleurait un chant bien monotone !
La liberté de temps qu’ils voulaient enlacer,
Je la fête pour eux quand le huit mai claironne !
Pour l’enfant, l’avenir ne doit rien effacer.
Demain ne meurt jamais !
Jamais je n’oublierai les tout petits chaussons,
Tricotés en jacquard d’espoir et de tendresse,
Pour vos pieds sous ma peau rythmant de coups mignons,
La réponse de vie en notes d’allégresse.
La gourmandise allait barbouillant vos mentons :
Jamais je n’oublierai les tout petits chaussons,
Ceux fourrés à la pomme, arrosés de cannelle,
Vos sourires sucrés s’étiraient de plus belle !
Demain ne meurt jamais, c’est l’hier en chansons,
L’herbier des souvenirs s’enrichit pour y croire.
Jamais je n’oublierai les tout petits chaussons
Posés sur vos berceaux, attendant notre histoire.
Vous regarder partir vers d’autres horizons,
Pour mon cœur de maman qui voit à la chaussure…
Que vous avez grandi ! Mais une chose est sûre :
Jamais je n’oublierai les tout petits chaussons !
ELIZABETH ROBIN
Posted on 12 décembre 2022 in Poèmes primés