J’aime en chemin
ces étonnants passages
ruisselants de cailloux
La coulée minérale
surprend le pas
à chaque avancée
et le regard défié
doit rapidement s’ajuster
pour éviter le plongeon
D’un chemin de bruyères
au ventre pierreux
monte avec insistance
l’appel des cailloux
Il encourage ainsi
la main de l’homme
à dépasser allègrement
le vertige d’un cairn
Le paysage penche
vers la mémoire
s’offre sans réserve
entre herbes et rocailles
à celui qui l’accueille
comme un secret dévoilé
D’un caillou
à un autre
dans la lumière
de mes pas
j’écoute
attentivement
le murmure
de la terre
Le chemin pèse
non pas de son poids minéral
mais de l’âme paysanne
qui l’environne encore
Entre la pierre immobile
et l’infini du ciel
la même présence divine
veille d’un amour démesuré
sur l’éclosion de mes pas
parmi les chemins de la Vie
Sur les chemins
marqués par le temps
la pierre s’est adaptée
aux pas sans faiblir
Elle garde en son cœur
la charge du monde
d’un calme admirable
qu’elle seule possède
Venue pour durer
Elle défie les saisons
et retient la vie
l’éternité est sa demeure
Le temps peut s’ébouler
la pierre étreindra toujours
avide de silence
le lieu de sa naissance
JEAN-CHARLES PAILLET
Posted on 12 décembre 2022 in Poèmes primés