"Bienvenue sur le site de l’Académie florimontane"

Héritière de la première académie de langue française, créée en 1607.
Aujourd’hui membre de la Conférence Nationale des Académies (CNA) et de l’Union des Sociétés Savantes de Savoie (USSS)

L’église Saint-François

Posted on 30 novembre 2022 in Actualités

Pour les Journées du patrimoine, une exposition sur l’Eglise Saint François a été réalisée. Elle a attiré un grand nombre de visiteurs et est encore visible au siège de l’Académie.

L’ÉGLISE ACTUELLE

ISMH 1952

L’église Saint-François, autrefois Saint-Joseph, aujourd’hui dite église des Italiens, a connu au fil de son histoire bien des vicissitudes (vice de construction, accident météorologique, Révolution française à partir de 1792 et ses suites classiques). Elle a bénéficié, dans les années 1888 puis au début du XXIe siècle de deux importantes campagnes de restauration qui ont permis de lui redonner un aspect extérieur proche de celui qu’elle présentait avant la Révolution. Complétées par une campagne de 2003, elles ont rétabli un décor intérieur, certes dépourvu du faste baroque d’origine, mais riche d’évocations des deux fondateurs de l’Ordre de la Visitation et, somme toute, pas très éloigné de l’esprit de rigueur qui caractérise cet ordre.

La 1ère campagne de restauration a visé à débarrasser l’édifice des multiples constructions adventices qui s’y étaient accolées au fil du temps et au gré des occupations diverses subies par l’église tour à tour caserne, fabrique d’indiennes, commerces divers, locaux d’habitation et à détruire les cloisonnements et planchers qui divisaient la nef  sur 3  étages…

Comme fréquemment, ces utilisations intempestives et profanes ont, en réalité, en lui conservant une fonction fût-elle bien étrangère à sa vocation première, sauvé le bâtiment promis à la démolition en vertu de plans d’alignement établis dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette campagne s’est attachée également à rétablir la façade d’origine en supprimant les multiples ouvertures qui la défiguraient.  On peut noter  que subsiste cependant sur la partie gauche une porte d’origine ( ?) qui donne, comme au XIXe siècle, accès à un hôtel …

L’architecture du bâtiment

Il faut tout d’abord souligner qu’il s’agit d’une église conventuelle et non paroissiale, donc étroitement liée aux bâtiments abritant la congrégation. Eglise modeste dans ses proportions, elle n’en est pas moins élégante et participe très largement à la beauté du site urbain exceptionnel dans lequel elle s’insère.

C’est tout d’abord la façade qui attire le regard, réplique simplifiée de  l’église du collège de Chambéry et cousine dans son ordonnancement plus que dans son décor de la somptueuse Visitation d’Avignon (1631-1638), elle est  typique du style de la Contre-réforme. Sous le fronton triangulaire qui la couronne, elle comporte une grande fenêtre, surmontée d’une vaste coquille et d’un petit fronton courbe. Cette partie haute, cantonnée de grands pilastres toscans, se raccorde à l’étage inférieur par deux grandes volutes auxquelles s’ajoutent, de part et d’autre deux petits pilastres surmontés d’une boule.

La partie inférieure de la façade est divisée en trois compartiments par des pilastres d’ordre toscan. La porte centrale, précédée d’un perron auquel on accède par une volée d’escaliers, est surmontée d’un fronton percé d’une niche encadrée symétriquement  de percements au rez-de-chaussée et sous l’entablement entre lesquels se trouvent des niches étroites qui devaient accueillir des statues aujourd’hui disparues.

L’élégance de cette façade se retrouve sur les murs de la nef elle-même, (seul le mur sud-est est visible) avec une élévation à deux  niveaux, en dégradé, les contreforts saillants se terminant aussi par une boule. Au premier plan, l’ancienne sacristie couverte en terrasse, bordée d’une balustrade due à la restauration de la fin du XIXe siècle crée un étagement supplémentaire mais qui ne nuit pas à l’harmonie classique de l’ensemble.

Une partie des bâtiments conventuels subsiste, dont le local occupé par l’Académie qui devait abriter l’infirmerie des visitandines.

L’église était dotée d’un clocher conçu en 1687, détruit à la Révolution (comme d’ailleurs l’ensemble des clochers des églises savoyardes) ou lors l’incendie de 1768 ??? Un dessin aquarellé du clocher est présenté. On ne peut qu’être frappé par sa forme en « bulbe » si caractéristique des clochers savoyards.

L’intérieur de l’église, d’une grande sobriété,  présente une nef unique, voûtée d’arêtes, précédée d’une tribune qui supporte aujourd’hui le buffet d’orgue, flanquée de bas-côtés abritant des chapelles dans chacune des trois travées. C’est le seul édifice de l’ordre à posséder des collatéraux, marque de sa qualité d’église de pèlerinage. A la clé des arcades de la troisième travée ont été installés (au XIXe ?) de grands ornements en stuc: au nord, armoiries de la duchesse de Montmorency, proche de Jeanne de Chantal, et qui, devenue veuve, se retira à la Visitation de Moulins en 1634. C’est elle qui fit rapatrier de Moulins à Annecy la dépouille mortelle de Jeanne de Chantal, décédée à Moulins en 1641. Cet ornement surplombe l’arcade qui donne accès à la chapelle où se trouve la dalle recouvrant le tombeau dans lequel le corps de Jeanne de Chantal fut déposé entre 1648 et 1751.

Au sud, à la voûte de l’arcade de la chapelle où se trouve le tombeau où le corps de François de Sales fut déposé de 1648 à 1662 ce sont les armoiries de Michel Particelli d’Emery, -surintendant des finances de Louis XIII puis de Louis XIV- qui finança une partie des travaux de la chapelle en remerciement de la guérison miraculeuse de son fils. La nef débouche sur le chœur, d’une seule travée, mais d’un volume important, fermé par un chevet plat. On observe de part et d’autre du chœur, en hauteur, des petites ouvertures grillagées, aujourd’hui murées, qui permettaient aux religieuses qui ne se trouvaient pas dans la clôture mais notamment à l’infirmerie, c’est-à-dire ici même, de suivre les offices. De même, la grille de la clôture demeure visible.

La lumière pénètre abondamment dans l’édifice par de vastes fenêtres hautes dont on ne retrouve le modèle qu’à l’église de Thônes.

Le décor intérieur

Si les campagnes successives de restauration ont permis de redonner à l’église un aspect architectural somme toute assez proche de l’état d’origine, il n’en va pas de même pour le décor intérieur. On sait que cette église qui était aussi un lieu de pèlerinage puisque les sépultures des deux fondateurs de l’ordre de la Visitation s’y trouvaient  depuis 1648 et y sont restées jusqu’en 1662 en ce qui concerne François de Sales et 1751 pour Jeanne de Chantal, était dotée d’un décor extrêmement riche : retables, fresques, sculptures, tableaux etc. La création de l’ordre de l a Visitation s’insère dans le vaste mouvement de la Contre-réforme.

Seul vestige du décor d’origine, la très belle statue XVIIIe de sainte Jeanne de Chantal installée dans la chapelle sainte Marie-Madeleine.

Le retable du maître-autel est une réplique réalisée en 1889 du retable d’origine, sculpté en 1660 par le Huchier annécien Louis Merle, détruit à la Révolution. Saint Augustin dont la règle monastique régit  l’ordre depuis 1616-1618, à gauche et Saint François de Sales, cofondateur de l’ordre, à droite y figurent en bonne place.

 

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Conférences : programme pour le 1er trimestre 2023

Posted on 18 novembre 2022 in Conférences

  • Mercredi 4 janvier : « Le Mont Blanc vu par les peintres » Jacques Perret
  • Mercredi 1 février : « Georges Hermann » Brigitte Hermann
  • Mercredi 1 mars : « Le pont et le Prince, histoire du pont de Villard-Clément en Maurienne » Jean Luquet
  • Mercredi 12 avril : « Templiers et hospitaliers de la Commanderie de Chambéry : présence des ordres religieux militaires dans le sud de la Savoie (décanat de Savoie, diocèses de Belley, Maurienne, Tarentaise et Aoste) du XIIe au XVIIIe siècles. Jean-Pierre Dubourgeat
  • Mercredi 3 mai : « Une argenterie du XVIIe siècle à 40 m. au fond du lac d’Annecy » Pierre Buttin

Les conférences ont lieu habituellement les premiers mercredis de chaque mois, à 17h, à l’Espace Yvette Martinet à Annecy (sauf au mois d’avril).

Le samedi 10 à 15h juin 2023 au château de Montrottier. Hélène Maurin, Directrice des Archives départementales de la Haute-Savoie, prononcera une conférence sur « Architectes et architecture dans le bassin annécien : panorama de 100 ans de collecte aux Archives départementales de la Haute-Savoie »

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Sortie culturelle du jeudi 16 juin 2022

Posted on 2 novembre 2022 in Sortie culturelle

Après deux ans d’absence dû au confinement, j’ai enfin le grand plaisir de revoir ou de faire connaissance de 40 personnes dans ce transport qui nous est fidèle, le car Francony.

En accord avec notre président de l’Académie florimontane, Jean Viallet, j’ai choisi cette sortie dans un lieu très réputé de par ses nombreuses visites très diversifiées à Brou, proche de Bourg-en-Bresse.

Dès 10 heures, nous avons découvert le Monastère Royal, le musée et l’église : une guide y commenta leurs origines. Marguerite d’Autriche, fille de l’empereur Maximilien et petite-fille de Charles le Téméraire, fut veuve à 24 ans d’un prince, le duc de Savoie Philibert le Beau. Elle décida alors de bâtir aux portes de Bourg-en-Bresse trois somptueux tombeaux. La construction de ces tombeaux nécessita 25 ans de travail par des maîtres de France et de Flandre de 1506 à 1532. Madame Suzanne Mouchet, adhérente de l’Académie florimontane en profita pour nous présenter « son bouquet » que l’Art Flamand et Bourguignon. Les vitraux dominants les tombeaux furent admirés et copieusement photographiés.

Pour le déjeuner, nous nous rendîmes par le car vers Bourg-en-Bresse où le repas fut servi dans le restaurant « le Verchère ».

L’après-midi, sous la conduite d’un guide, nous avons calmement découvert et visité le village médiéval de Pérouges.

Nous étions de retour à Annecy pour 20 heures, très satisfaits de ces visites enrichissantes.

Françoise Garin
Responsable de la sortie culturelle annuelle

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Conférences : programme pour fin 2022

Posted on 29 septembre 2022 in Conférences

Les conférences ont lieu à 17 heures, salle Yvette Martinet, 15 avenue des Iles à Annecy (ligne de bus 6, arrêt Espace Yvette-Martinet)

  • Mercredi 5 octobre : « Les Girod bienfaiteurs des deux mondes » par Jean-François Campario,
  • Mercredi 2 novembre : « Le Général Dessaix » par Jean Baud
  • Mercredi 7 décembre : Concours de poésie de l’Académie
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Poèmes primés 2021 : 1er prix

Posted on 6 décembre 2021 in Poèmes primés

Le buste du poète

Qu’on me donne un maillet, des ciseaux, une ripe,
Et qu’on me laisse seule à l’opium de ma pipe
Pour sculpter votre buste avec tant de ferveur
Qu’un seul regard vers lui fera naître un rêveur.

Fébriles sont mes mains et craintive mon âme
A ciseler l’éclat de votre ardente flamme,
A broder de fils d’or les limbes glorieux
Qui font de vous l’élu du domaine des dieux.

J’ai réchampi vos traits d’un sourire tragique,
D’un front haut tourmenté d’une ombre nostalgique,
De lourds sillons gorgés de noblesse et d’ardeurs :
Vous reconnaissez-vous, poète des Splendeurs ?

S’il faut, de vos talents, préserver la mémoire
Telle que je la tiens au creux de mon grimoire,
Je pétrirais l’argile et le bronze et l’airain,
Des siècles à venir vous ferais souverain.

O chantre sans égal d’une quête mystique,
Illustre bâtisseur d’une Légende épique,
Voyez combien mes yeux enchaînés à mon cœur
Disent que de la mort vous demeurez vainqueur.

Et sur le marbre nu dont vous êtes l’otage
Désemparé, si loin du branlant Ermitage,
Je n’aurai de répit pour faire rejaillir
L’âme de cette fleur que nul n’a pu cueillir.

 

Fantasmagorie

C’est un manoir hanté par des esprits malins,
Pressés, quand meurt le jour, de partir en vadrouille
Dans les ruines du parc où le silence grouille
Du thrène lancinant d’immondes gobelins.

Garde-toi de croiser ces spectres orphelins
D’un faste glorieux dévoré par la rouille :
Tapis sous les remparts, infernale patrouille,
Ils sèment sur tes pas des râles sibyllins.

Fuis ! Car nul ne survit aux poisons de leur bouche !
Le feu sombre et glacé d’un seul regard farouche
Condamnerait ton âme à d’infinis tourments.

Laisse le sang des murs abreuver les décombres,
Le sous-bois au linceul, la douve aux ossements,
Et les donjons maudits à la fureur des ombres.

 

Un oiseau de passage

Et le temps suspendit sa course vagabonde …
Quand elle m’apparut, marchant d’un pas léger
Sur le môle où l’été soldait son viager,
Plus belle que l’azur, plus grisante que l’onde !

Tout parut se figer dans la douceur côtière :
La mer devint un lac, miroir de sa beauté,
L’astre d’or lui fit don d’un ruban biseauté
Pour ceindre ses cheveux d’un tortil de lumière,

L’air pailleté d’embruns se fit si translucide
Qu’il gomma le décor. Ô doux aveuglement
De ne voir que l’objet de mon affolement
S’acheminer vers moi, vers moi seul, dans le vide !

Mon souffle vacillait ; j’étais sourd ; sans mémoire ;
Mes entrailles brûlaient jusqu’à mon front vermeil.
«Je meurs » me dis-je alors « Ou n’est-ce qu’un sommeil
Qui trompe ma raison par un songe illusoire ? »

« Mais je vois ! Je la vois ! Et voici qu’elle approche,
Ô fille de Vénus ! Mirage de velours !
Je veux être le brin qui ganse tes atours
Et sertir ma prunelle à la fleur de ta broche »

Hélas ! De ses yeux pers elle fouillait la grève
Bien au-delà du fou planté sur son chemin ;
Je respirais encor son parfum de jasmin,
Quand un son déchira le voile de mon rêve.

Tournant avec effort ma carcasse dolente,
Je la vis s’élancer à bord d’un caboteur
Pour couvrir de baisers l’élu de mon malheur,
Un robuste corsaire à la mine insolente.

Ah, comme elle exultait ! Combien j’étais sinistre !
J’aurais voulu crier à ma belle-de-jour :
« Regarde ? Je suis là ! Tu te trompes d’amour !
Mon âme a plus d’ardeur que celle de ce cuistre ! »

Mais fringante et légère elle quittait la place,
Me laissant misérable aux portes de l’enfer ;
Quand le soleil plongea dans l’horizon de fer,
Mon sang ne charriait plus que des copeaux de glace.

Elle avait disparu ma délicate aronde,
Ma nymphe, ma promise au bras de l’imposteur,
Sans même un battement de cils consolateur !
Et le temps poursuivit son implacable ronde …

 

Le sang du vitrail

Je m’étais égaré dans ces murs de prière
Un jour où le soleil chantait le mois d’avril,
L’un de ces matins bleus à l’arôme subtil
Que Lisbonne répand à l’heure printanière.

Elle était à genoux sous un puits de lumière,
Offrant à mon regard son délicat profil
Où coulait une larme. Une perle de cil …
Dieu ! Que dans sa douleur la dame était altière !

Elle implorait le ciel d’une voix familière,
Parlant de faena, d’indulto, de toril,
Un langage nouveau pour mon tout jeune exil
Qui n’avait de la foi qu’une ardeur séculière.

Je me soûlai des mots. Ah ! L’ivresse grossière !
En ce lieu consacré, je me sentis bien vil
De ne former des vœux autres que son babil
Montant avec ferveur de sa gorge princière.

Mon soupir égailla la divine poussière
Qui liait la pleureuse au vitrail, tel un fil ;
Sous le charme je fis un rêve puéril :
Je buvais le Saint Graal dans l’eau de sa paupière.

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Poèmes primés 2021 : 2ème prix

Posted on 6 décembre 2021 in Poèmes primés

« Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants. »
Edouard Herriot

Meurtre d’enfant

Dieu sait combien c’est dur d’enterrer ceux qu’on aime
Aussitôt que leur corps succombe au poids des ans,
Mais la douleur rend fou lorsqu’à la morgue, blême,
On reconnait sa fille, encore à son printemps !

Il faut tenir, ensuite … église … cimetière …
Les yeux sur un cercueil abondamment fleuri,
L’esprit près d’une femme, avec la ville entière,
Pleurant le fruit d’amour qu’un malade a flétri …

Mais, de retour chez soi, le courage décline,
Embrume les regards tournés vers l’horizon,
Les abords du ruisseau dévalant la colline
Où l’homme la guettait, regagnant la maison.

Nous ne la verrons plus, hélas, quand la nuit tombe,
Refuser de dormir sans un tendre baiser …
Pourtant ne cherchez point notre enfant dans sa tombe :
En nos cœurs, bien vivante, elle va reposer.

 

Amours légendaires

Si j’étais, comme Adam, seul, sur terre avec Eve,
Réfrénant un désir plus brûlant chaque jour,
Je croquerais la pomme et choisirais l’amour :
Le véritable Eden est celui dont on rêve !

Si j’étais Osiris, mon ange de douceur
Prouverait que l’amour de la mort reste maître
En me ressuscitant … Notre enfant pourrait naître,
Ayant pour mère et tante Isis, ma femme-sœur.

Si j’étais Roméo, l’amant de Juliette,
Le clan des Capulet me condamnant à mort,
Nous fuirions tous les deux l’injustice d’un sort
Transformant en calvaire une idylle discrète.

Si j’étais le beau Tite, ex-débauché romain
Mais le futur César épris de Bérénice,
J’abdiquerais sur l’heure, avant qu’on la bannisse,
Incestueuse ou non, car je briguais sa main …

Criant partout le nom de mon inspiratrice,
Si j’étais comme Dante, écrasé de douleur,
Je laisserais l’Enfer consumer mon malheur,
Certain qu’au Paradis m’attendrait Béatrice.

Si j’étais Cyrano, « ma » Roxane au balcon,
J’aiderais de mon mieux Christian de Neuvillette
A me briser le cœur en faisant la conquête
D’un trop joli minois pour mon grand nez gascon.

Si j’étais Abélard, une vengeance inique
M’ôterait les moyens de mourir de plaisir
Dans les bras d’Héloïse, et j’aurais tout loisir
De regretter, comme elle, un élan platonique …

Quand la vie est banale, on veut l’enjoliver :
Je ne désire pas des amours de légende,
Des tourments si cruels qu’il n’est cœur qui se fende
Lorsqu’on les cite encor … Mais, ne puis-je rêver ?

 

Quand les vieux durent trop longtemps…

La maison de retraite s’impose

(Gérardine)

Dans le discret mouroir où son fils l’a casé,
Sur un aussi grand lit que son mouchoir de poche,
Il s’éveille perclus, toujours dépaysé,
Et, sachant le futur d’un vieillard plutôt moche,
Se fabrique un présent … de passé composé !

Heureux du trait d’amour que Cupidon décoche,
Il revoit sa compagne et leur gentil poupon :
Un garçon adorable, exempt de tout reproche
Avant que ne l’épouse un despote en jupon.

Au décès de sa femme, une absurde broutille
A nanti cette bru d’un prétexte fripon
Pour ravir son fauteuil de chef de la famille.

Depuis, de trop chez lui, de chagrin écrasé,
Il ruse avec la mort, nargue sa belle-fille,
Dans le discret mouroir où son fils l’a casé.

 

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Poèmes primés 2021 : 3ème prix

Posted on 6 décembre 2021 in Poèmes primés

D’un cimetière à l’autre

J’étais au Montparnasse à chercher Baudelaire
Mais passai sans le voir car gravé sous Aupick.
Un spectre du dandy, lavallière et carrick,
Tel fixé par Nadar, s’extirpa de la pierre.

Il évoqua pour moi, sous l’if du cimetière,
Une inspiration marine à bord d’un brick,
Les démons grenouillant dans ses godets de snick,
Son désordre aphasique, état crépusculaire.

En franchissant la grille il parut évident
Que de Charles, ce jour, je fus le confident.
Dès lors, cessa ma peur d’être rendu poussière.

Car si je pars sans même offrir un beau quatrain,
Repose à Verdelot l’auteur Brice Parain
Qui pour m’instruire aura l’éternité entière.

 

Elançant ses rameaux

Elançant ses rameaux vers le soleil qui brille,
Une jeune glycine, allègre tourbillon,
Sous ses grappes de fleurs abrite l’oisillon
Qui dès le petit jour l’enivre de son trille.

Printemps après printemps, la plante pousse, vrille,
Enroule ses sarments sur chaque croisillon,
Enrobe les barreaux, coiffe le portillon,
De son galbe fougueux emprisonne la grille.

La canicule assèche hélas le végétal
Qui languit, étendu sur le brûlant métal …
La liane on délie alors de sa clôture.

Ainsi chacun de nous par l’amour attaché,
Voyant l’être qu’il aime à lui-même arraché,
S’il survit à l’instant, ne subit que torture.

 

NOIRCEURS

Petit, il eut pour gîte une grosse chaussette.
De pain mouillé de lait au bout d’une allumette,
On le gava si bien, qu’il devint grand, Coco.

Au jardin, son essor, il le prit du vieux saule.
Il amusait Maman. Juché sur son épaule,
Il piquait les boutons de son long caraco.

Un jour, il atterrit dans une cour voisine.
Je vis s’abattre alors la binette assassine,
Qui tailla, déchira mon pauvre et doux corbeau.

Qui fut le plus coupable ? Un doute affreux m’anime.
Moi, l’enfant dénicheur grimpant sur une cime,
Ou l’autre au préjugé porté comme un flambeau ?

 

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