Derrière les murs les vestiges du clos savoyard dans les faubourgs d’Annecy
Pare-chocs contre pare-chocs, que ce soit pour la montée ou la descente, tous ceux qui empruntent l’avenue du Trésum aux heures de pointe savent que le temps d’attente sera long. Annecy, ville lac, ne dispose pas d’axes permettant le tour complet de son agglomération pour fluidifier la circulation dans cette partie sud-est. La route des Trésums ou du Trésum, son quartier sont la porte d’entrée de la rive gauche. Christian REGAT et Arnaud PERTUISET dans leur publication sur le palais épiscopal d’Annecy en donnent une définition[1]. Il est souvent admis qu’au sud du château d’Annecy, hors les murs, convergeaient trois chemins, l’intersection étant dénommée tréson. « Charles-Auguste de Sales donna une pieuse interprétation au mot tréson… Lorsqu’il s’installa définitivement dans son château en 1656, il choisit de la faire en la fête de la Sainte-Trinité sous la protection de laquelle il plaça la demeure. Au-dessus des portes il avait fait mettre l’inscription Tres in Unum qui devint l’étymologie officielle de Trésum »[2]. De plus, nombre d’érudits indiquent aussi que le mot Tresun est souvent mal orthographié Tresum ou Tresums. À côté de ce château un patrimoine rural, religieux, hospitalier et militaire densifie le coteau. L’édification du Grand Séminaire, entre1684-1688, participe au morcellement de cet espace à la faveur des jardins. Du point de vue strictement paysager, la forme dominante était celle de l’enclos étagé. Composé de murs de soutènement ou de clôtures, ces jardins faits de vignes ou de vergers ou de potagers enserrent des édifices qui sont autant de marqueurs dans la silhouette urbaine d’Annecy. Un réseau de venelles ou de chemins vicinaux irriguent les grands parcs. Ce principe de la terrasse arborée perdure jusqu’à la moitié du XXème siècle. Le clos savoyard et ses articulations paysagères resteront le fil rouge de cette présentation proposée autour du Grand Séminaire qui a fait l’objet d’un inventaire du patrimoine.
Conférence animée par :
Samir Mahfoudi, chercheur en inventaire du patrimoine bâti au service archéologie et patrimoine bâti du Département de la Haute-Savoie
[1] REGAT Christian, PERTUISET Arnaud, Le palais épiscopal d’Annecy, Société des amis du vieil Annecy, 2011, p. 49-50.
Le château des Avenières a été construit de 1907 à 1913 dans une clairière du Salève pour une riche Américaine nommée Mary Schillito. Lorsqu’elle épousa Assan Dina, descendant des maharajas de Lahore, celui-ci transforma le château en une demeure ésotérique, ornant la chapelle de mosaïques illustrant les cartes du tarot. Il aménagea une ferme modèle, apporta l’eau aux hameaux qui en étaient dépourvus, construisit une centrale sur les Usses pour électrifier le canton de Cruseilles, et ouvrit une route de 25 km à travers le Salève.
Première femme membre d’honneur de l’Académie Florimontane, Mary Schillito fut ruinée par le krach qui secoua la bourse de New York en 1929 et dut revendre son château en 1936. Pendant la guerre, il accueillit des enfants juifs sous l’égide de la Croix rouge suisse, puis devint un collège à la montagne. Finalement, après avoir appartenu à un architecte qui rêvait de créer une ville dans le Salève, il est devenu le cadre incomparable d’un luxueux hôtel.
L’heureuse rencontre entre art et science autour du Mont-Blanc – Robert Moutard
De la fin du Moyen Âge au dernier tiers du XIXe siècle, les glaciers du Mont Blanc sont parvenus au contact des lieux habités dans les vallées chamoniardes. Dernier soubresaut des glaciations qu’a connues notre planète, bien dérisoire en regard de celles qui l’ont précédé mais spectaculaire pour les populations qui en furent contemporaines, cet épisode fut appelé le « Petit Âge de Glace ». Sans les œuvres des peintres témoins de cette séquence climatique, les paysages qui en résultaient seraient restés méconnus. Ces artistes ont en effet permis de gagner plusieurs décennies sur la mise en œuvre de la photographie, pour saisir à temps des images de ce phénomène, devenues de très précieux témoignages picturaux. Ainsi, leurs œuvres joignent à des qualités esthétiques intrinsèques une réelle portée scientifique renseignant sur l’évolution de l’englacement alpin à l’échelle historique. Participant du changement de la perception du monde de la montagne, ils ont aussi assuré auprès d’une élite internationale la notoriété touristique des pays du Mont Blanc. Turner, Linck, Birmann et Viollet-Leduc ne sont que les plus célèbres parmi les nombreux artistes ayant contribué à ce legs patrimonial somptueux.
une illustration de l’investissement éducatif des communautés alpines
Le tissu scolaire de l’ancien duché de Savoie se caractérise au XIXe siècle par sa remarquable densité, elle-même due à une large dissémination des écoles de hameau dans les territoires de montagne. Ce phénomène, amorcé à la fin de l’Ancien Régime et qui s’est particulièrement développé dans la première moitié du siècle, résulte notamment de la dispersion de l’habitat, de la volonté des communautés migrantes d’instruire leur jeunesse et, pour cela, de se donner la capacité de rémunérer quelques-uns de leurs membres en tant que maîtres et maîtresses d’écoles, le plus souvent au moyen de fondations scolaires. Quand bien même ces « petites écoles » ont le plus souvent enseigné les rudiments du lire, écrire et compter, elles ont grandement contribué à la scolarisation et à l’alphabétisation des jeunes savoyards. Alors que ce tissu scolaire éclaté a été conforté par l’administration sarde, après 1860 l’administration française n’a pu que le prendre en compte tout en s’employant à le rationnaliser de manière à l’insérer au mieux dans le système scolaire national.
Une école de montagne : la classe de garçons à Aillon-le-Jeune en 1888
(Département de la Savoie, Archives départementales, T1266)
Töpffer en zig-zag au Pays du Mont-Blanc, conférence de Jacques PERRET
Rodolphe Töpffer (Genève 1799 – 1846) était un dessinateur et écrivain suisse. Il était le fils du peintre Wolfgang Adam Töpffer. Il consacra sa vie à l’éducation des jeunes, tenant une pension à Genève et donnant des cours de lettres à l’Université de cette ville. Il fut aussi un auteur littéraire et un dessinateur paysagiste et caricaturiste : ses dessins « au naturel » présentent une fraîcheur qui fait leur charme. Il a inauguré les caravanes scolaires, emmenant ses élèves en voyages à travers les Alpes. Ses récits de voyages ont été regroupés dans les « Voyages en zigzag » qui connurent un grand succès et furent déclinés en plusieurs volumes réédités à de nombreuses reprises. Töpffer a également publié des histoires sous forme d’albums illustrés (Les Amours de M. Vieuxbois, le Docteur Festus, Histoire de M. Cryptogame, Histoire d’Albert…) qui sont considérées comme les premières bandes dessinées.
Töpffer a effectué 26 voyages entre 1825 et 1843 ; les 12 premiers (entre 1825 et 1831) ont fait l’objet de récits illustrés par Töpffer qui n’ont pas été publiés du vivant de l’auteur alors que les 14 derniers (entre 1832 et 1843) ont été lithographiés à Genève en quelques dizaines d’exemplaires seulement. Un certain nombre d’entre eux ont été réunis dans les « Voyages en zig-zag » et les « Nouveaux voyages en zig-zag » publiés par les éditions Garnier respectivement en 1844 et 1854, les dessins de Töpffer étant interprétés par les meilleurs artistes de l’époque.
Cette conférence permettra d’évoquer les voyages de Töpffer dans le Pays du Mont-Blanc, principalement à Samoëns, Sixt, Bonneville, Cluses, Sallanches, Saint-Gervais et Chamonix, avec les anecdotes et les dessins de Töpffer ainsi que ceux des graveurs qui les ont interprétés.
Présentation de l’auteur :
Jacques Perret, né en 1954 à Chambéry, fils de l’Archiviste de la Savoie André Perret, est issu d’une longue lignée d’alpinistes. Alpiniste lui aussi, il s’intéresse très tôt aux livres de montagne ; il est l’auteur du Guide des livres sur la montagne et l’alpinisme, préfacé par Paul Guichonnet, qui est devenu un ouvrage de référence (éditions de Belledonne, 1997, réédition en 2022 par la librairie Giraud-Badin). Parallèlement à son activité d’ingénieur et d’urbaniste, il publie plusieurs ouvrages ; Regards sur les Alpes (2011) a été distingué par plusieurs prix. Le Mont-Blanc vu par les peintres (2016), réalisé avec le concours du galériste Loïc Lucas, a été publié aux éditions du Belvédère en 2016. Il est vice-président de l’Académie du Faucigny, membre de la société de Géographie, et membre associé de l’Académie florimontane et de l’Académie de Savoie.
Cette conférence aura lieu le mercredi 4 décembre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Pour assurer la conférence prévue pour ce 6 novembre et qui devait initialement porter sur les trésors de la bibliothèque diocésaine, l’Académie florimontane a fait appel à l’un de ses membres pour parler d’un tout autre sujet, le fonctionnement du réseau ferré haut-savoyard pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour ce faire, André Pallatier a souhaité s’adjoindre un ami, Gilles Degenève, grand connaisseur du chemin de fer européen, tous deux ayant récemment écrit un article à ce sujet. C’est donc le résultat des recherches effectuées en vue d’écrire cet article que les deux conférenciers nous présenteront.
Après avoir illustré l’état du réseau départemental en septembre 1939, au moment du déclenchement du second conflit mondial, ils exposeront les péripéties auxquelles ce réseau est appelé à être confronté, notamment les sabotages qu’il subit en 1943 et 1944. Ils privilégieront ceux qui ont touché trois ouvrages d’art : celui du Longeray, celui des Fleuries, et celui de Pyrimont qui ont été opérés par trois acteurs différents, le troisième témoignant de la participation de la Résistance locale au Plan Vert préparé en liaison avec Résistance-Fer.
Cette conférence aura lieu le mercredi 6 novembre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Heurts et malheurs du conflit delphino-savoyard : Le sac du mandement épiscopal de Jussy en 1346
Chevaliers savoyards, début XIVe siècle, peinture murale du château de Cruet (Chambéry, Musée Savoisien).
Les affrontements qui ont marqué le conflit delphino-savoyard (1282-1355) sont essentiellement connus par de nombreuses attaques de châteaux et de bourgs, et par de très rares mais retentissantes batailles en plaine.
En revanche, le quotidien de cette guerre interminable, fait d’escarmouches et de razzias, n’a pas encore suscité d’étude spécifique. Or, les comptabilités des châtelains et divers traités fourmillent d’indications sur les opérations qui étaient conduites pour déstabiliser l’adversaire et pour paralyser les productions de ses domaines et pour entraver ses circuits économiques.
Un document exceptionnel nous permet en particulier d’approcher au plus près les dégâts qu’une troupe pouvait commettre au milieu du XIVe siècle. Il s’agit des plaintes collectées en 1346 par l’administration du comte de Savoie et de l’évêque de Genève, émanant des habitants du village de Jussy, dans la campagne genevoise, après la mise à sac de leurs biens et égrainant les destructions et les larcins commis par les assaillants.
Par Matthieu de LA CORBIERE, directeur du Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire (Office du patrimoine et des sites du canton de Genève).
Cette conférence aura lieu le mercredi 2 octobre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Le 27è BCA dans la Résistance Haut-Savoyarde (1940-1944)
Conférence assurée par Sébastien Chatillon Calonne – Docteur en histoire
Si la Haute-Savoie est assurément une terre de résistance, se souvient-on que les premiers résistants sont des militaires ?
Dès l’armistice de 1940, le 27è BCA se prépare pour la revanche. Puis sa dissolution en 1942 pousse ses cadres démobilisés dans l’armée secrète départementale, maillon essentiel de la résistance armée jusqu’à la Libération d’août 1944
LE MERCREDI 22 MAI, SALLE YVETTE MARTINET A 18 HEURES
LA PANDEMIE GRIPPALE
1918-1919 : une maladie à découvrir
et à comprendre, et des traitements à inventer…
Ce qu’a été la situation à Annecy
Pierre Labrude
La pandémie grippale de 1918 a pris la planète au dépourvu et s’est montrée d’une extrême gravité par le nombre des malades et par celui des décès. Bien que la maladie ne soit pas inconnue, tout s’est passé comme si elle n’avait jamais existé…
S’étant déroulée en trois phases successives, dont la seconde a été la plus grave, sa compréhension a été difficile, ce qui a entraîné de grandes difficultés pour son traitement, d’autant plus qu’il n’existe pas d’antiviraux efficaces à ce moment, ni d’antibiotiques. Il en a découlé la mise en place de thérapeutiques variées, compliquées, voire farfelues, qui se sont ajoutées à la situation de guerre, de fatigue de la population, et aux difficultés que subissent les approvisionnements, donc aux contingentements des médicaments.
De nombreuses comparaisons peuvent être faites avec la pandémie virale que la planète a connue récemment.
La conférence évoquera ces différents aspects de l’épidémie. Un développement sera consacré à la situation et aux difficultés qu’Annecy a connues à l’automne 1918.