une illustration de l’investissement éducatif des communautés alpines
Le tissu scolaire de l’ancien duché de Savoie se caractérise au XIXe siècle par sa remarquable densité, elle-même due à une large dissémination des écoles de hameau dans les territoires de montagne. Ce phénomène, amorcé à la fin de l’Ancien Régime et qui s’est particulièrement développé dans la première moitié du siècle, résulte notamment de la dispersion de l’habitat, de la volonté des communautés migrantes d’instruire leur jeunesse et, pour cela, de se donner la capacité de rémunérer quelques-uns de leurs membres en tant que maîtres et maîtresses d’écoles, le plus souvent au moyen de fondations scolaires. Quand bien même ces « petites écoles » ont le plus souvent enseigné les rudiments du lire, écrire et compter, elles ont grandement contribué à la scolarisation et à l’alphabétisation des jeunes savoyards. Alors que ce tissu scolaire éclaté a été conforté par l’administration sarde, après 1860 l’administration française n’a pu que le prendre en compte tout en s’employant à le rationnaliser de manière à l’insérer au mieux dans le système scolaire national.
Une école de montagne : la classe de garçons à Aillon-le-Jeune en 1888
(Département de la Savoie, Archives départementales, T1266)
Töpffer en zig-zag au Pays du Mont-Blanc, conférence de Jacques PERRET
Rodolphe Töpffer (Genève 1799 – 1846) était un dessinateur et écrivain suisse. Il était le fils du peintre Wolfgang Adam Töpffer. Il consacra sa vie à l’éducation des jeunes, tenant une pension à Genève et donnant des cours de lettres à l’Université de cette ville. Il fut aussi un auteur littéraire et un dessinateur paysagiste et caricaturiste : ses dessins « au naturel » présentent une fraîcheur qui fait leur charme. Il a inauguré les caravanes scolaires, emmenant ses élèves en voyages à travers les Alpes. Ses récits de voyages ont été regroupés dans les « Voyages en zigzag » qui connurent un grand succès et furent déclinés en plusieurs volumes réédités à de nombreuses reprises. Töpffer a également publié des histoires sous forme d’albums illustrés (Les Amours de M. Vieuxbois, le Docteur Festus, Histoire de M. Cryptogame, Histoire d’Albert…) qui sont considérées comme les premières bandes dessinées.
Töpffer a effectué 26 voyages entre 1825 et 1843 ; les 12 premiers (entre 1825 et 1831) ont fait l’objet de récits illustrés par Töpffer qui n’ont pas été publiés du vivant de l’auteur alors que les 14 derniers (entre 1832 et 1843) ont été lithographiés à Genève en quelques dizaines d’exemplaires seulement. Un certain nombre d’entre eux ont été réunis dans les « Voyages en zig-zag » et les « Nouveaux voyages en zig-zag » publiés par les éditions Garnier respectivement en 1844 et 1854, les dessins de Töpffer étant interprétés par les meilleurs artistes de l’époque.
Cette conférence permettra d’évoquer les voyages de Töpffer dans le Pays du Mont-Blanc, principalement à Samoëns, Sixt, Bonneville, Cluses, Sallanches, Saint-Gervais et Chamonix, avec les anecdotes et les dessins de Töpffer ainsi que ceux des graveurs qui les ont interprétés.
Présentation de l’auteur :
Jacques Perret, né en 1954 à Chambéry, fils de l’Archiviste de la Savoie André Perret, est issu d’une longue lignée d’alpinistes. Alpiniste lui aussi, il s’intéresse très tôt aux livres de montagne ; il est l’auteur du Guide des livres sur la montagne et l’alpinisme, préfacé par Paul Guichonnet, qui est devenu un ouvrage de référence (éditions de Belledonne, 1997, réédition en 2022 par la librairie Giraud-Badin). Parallèlement à son activité d’ingénieur et d’urbaniste, il publie plusieurs ouvrages ; Regards sur les Alpes (2011) a été distingué par plusieurs prix. Le Mont-Blanc vu par les peintres (2016), réalisé avec le concours du galériste Loïc Lucas, a été publié aux éditions du Belvédère en 2016. Il est vice-président de l’Académie du Faucigny, membre de la société de Géographie, et membre associé de l’Académie florimontane et de l’Académie de Savoie.
Cette conférence aura lieu le mercredi 4 décembre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Après 25 ans passés à la préparation et à l’organisation des promenades culturelles, Françoise Garin a décidé de quitter ses fonctions, tout en restant membre de notre Académie.
C’est à la suite de la permanence du jeudi 24 octobre 2024 qu’une petite réunion sympathique fut organisée.
Pour assurer la conférence prévue pour ce 6 novembre et qui devait initialement porter sur les trésors de la bibliothèque diocésaine, l’Académie florimontane a fait appel à l’un de ses membres pour parler d’un tout autre sujet, le fonctionnement du réseau ferré haut-savoyard pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour ce faire, André Pallatier a souhaité s’adjoindre un ami, Gilles Degenève, grand connaisseur du chemin de fer européen, tous deux ayant récemment écrit un article à ce sujet. C’est donc le résultat des recherches effectuées en vue d’écrire cet article que les deux conférenciers nous présenteront.
Après avoir illustré l’état du réseau départemental en septembre 1939, au moment du déclenchement du second conflit mondial, ils exposeront les péripéties auxquelles ce réseau est appelé à être confronté, notamment les sabotages qu’il subit en 1943 et 1944. Ils privilégieront ceux qui ont touché trois ouvrages d’art : celui du Longeray, celui des Fleuries, et celui de Pyrimont qui ont été opérés par trois acteurs différents, le troisième témoignant de la participation de la Résistance locale au Plan Vert préparé en liaison avec Résistance-Fer.
Cette conférence aura lieu le mercredi 6 novembre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Si vous n’êtes pas adhérent (et ne voulez pas l’être), vous pouvez acheter La Revue savoisienne au prix de 34€ à notre permanence du jeudi matin au 1 Esplanade de l’Hôtel de Ville de 9h30 à 12h. Vous pouvez également vous faire envoyer la revue en réglant par chèque bancaire à l’ordre de l’Académie florimontane en ajoutant les frais de port de 9€ ou encore par virement (34€+9€ soit 45€) effectué sur le compte : IBAN: FR76 3000 3035 7600 0500 0252 562 BIC-ADRESSE SWIFT: SOGEFRPP
• Directeur de publication : Bernard Premat • Assistants : Evelyne et Paul Refauvelet • Responsable du comité de lecture : Isabelle Bouvier
Heurts et malheurs du conflit delphino-savoyard : Le sac du mandement épiscopal de Jussy en 1346
Chevaliers savoyards, début XIVe siècle, peinture murale du château de Cruet (Chambéry, Musée Savoisien).
Les affrontements qui ont marqué le conflit delphino-savoyard (1282-1355) sont essentiellement connus par de nombreuses attaques de châteaux et de bourgs, et par de très rares mais retentissantes batailles en plaine.
En revanche, le quotidien de cette guerre interminable, fait d’escarmouches et de razzias, n’a pas encore suscité d’étude spécifique. Or, les comptabilités des châtelains et divers traités fourmillent d’indications sur les opérations qui étaient conduites pour déstabiliser l’adversaire et pour paralyser les productions de ses domaines et pour entraver ses circuits économiques.
Un document exceptionnel nous permet en particulier d’approcher au plus près les dégâts qu’une troupe pouvait commettre au milieu du XIVe siècle. Il s’agit des plaintes collectées en 1346 par l’administration du comte de Savoie et de l’évêque de Genève, émanant des habitants du village de Jussy, dans la campagne genevoise, après la mise à sac de leurs biens et égrainant les destructions et les larcins commis par les assaillants.
Par Matthieu de LA CORBIERE, directeur du Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire (Office du patrimoine et des sites du canton de Genève).
Cette conférence aura lieu le mercredi 2 octobre 2024 à 18 heures, salle Yvette Martinet 15, avenue des Iles 74000 ANNECY
Affiche de l’exposition de l’édition 2024 des Journées Européennes du Patrimoine
Créée à l’occasion des journées européennes du patrimoine 2024, cette exposition reste visible au siège de l’Académie florimontane le jeudi matin lors de notre permanence de 9h30 à 12h jusqu’au mois de mai 2025, au 1 esplanade de l’Hôtel de Ville à Annecy.
Cette année, le 1er juin, nous sommes allés visiter le château de Virieu et le musée archéologique du lac de Paladru.
Forteresse médiévale édifiée au XIe siècle par le seigneur Wilfrid de Virieu, le château a été agrandi et remanié jusqu’au XVIIe siècle mais a su garder son allure de forteresse médiévale comme en témoignent son imposant donjon, ses tours et sa magnifique porte d’entrée cloutée.
Dans la cour d’honneur nous attend une batterie de canons offerte par Louis XIII. Notre guide, « concierge et homme à tout faire », qui dirige notre visite avec un humour apprécié de tous, nous fait découvrir la chapelle et une enfilade de très belles pièces richement meublées, comme la chambre du Roi Louis XIII et la cuisine avec sa cheminée monumentale.
Une pièce consacrée à la Seconde Guerre mondiale nous rappelle que le château servi de cache à munitions pour la résistance et abrita des familles juives vouées à l’extermination. Le marquis Xavier de Virieu et son épouse Marie-Françoise sont tous deux reconnus « Justes parmi les Nations ».
Enfin pour beaucoup, une heureuse découverte en la personne de Stéphanie de Virieu, peintre et sculpteur de talent (1785-1873). En avance sur son temps sur le rôle des femmes, portraitiste et peintre de la vie quotidienne, son œuvre constitue un reportage vivant sur son époque.
Son chevalet est toujours installé dans un coin du salon.
Une halte-déjeuner à l’Hôtel des bains de Chavarines où un délicieux repas nous fut servi dans une ambiance sympathique avec un personnel « aux petits soins ».
L’après-midi consacrée au musée du lac de Paladru avec son architecture qui évoque une embarcation rappelant la pirogue médiévale retrouvée sous les eaux du lac et sa scénographie qui invite à la découverte des 600 objets de différentes époques retrouvés dans ses eaux et ses maquettes de reconstitutions de l’habitat des populations successives occupant les rives du lac.
Les meilleures choses ayant une fin, il fallut bien reprendre notre car et rentrer à Annecy après une journée agréable, dense et enrichissante.
Le 27è BCA dans la Résistance Haut-Savoyarde (1940-1944)
Conférence assurée par Sébastien Chatillon Calonne – Docteur en histoire
Si la Haute-Savoie est assurément une terre de résistance, se souvient-on que les premiers résistants sont des militaires ?
Dès l’armistice de 1940, le 27è BCA se prépare pour la revanche. Puis sa dissolution en 1942 pousse ses cadres démobilisés dans l’armée secrète départementale, maillon essentiel de la résistance armée jusqu’à la Libération d’août 1944